LE COMPLEXE D’INFéRIORITé DU FC SION

Les Valaisans restent favoris à la promotion en Super League. Mais ils n’auront pas battu une seule fois Thoune, leur seul rival cette saison, en quatre tentatives.

Pour tenter de poser des mots sur vos maux, un psychologue cherchera sans doute la trace d’un traumatisme dans votre enfance. Et s’il fallait faire pareil avec le FC Sion? Et si l’explication de son incapacité à battre son seul rival de la saison, et donc de régler cette histoire de promotion, tenait en vingt minutes? Les dernières du premier duel entre Sion et Thoune.

L’histoire est connue. Les Valaisans débarquent à Tourbillon forts d’une série d’invincibilité qui tient depuis le début de la saison (sept matches), réalisent une première mi-temps digne d’éloges, mènent 2-0 à la pause. Le quart du championnat n’est pas atteint que le chemin vers la Super League se trace déjà tout seul. Arrive le tournant du match, peut-être celui de la saison. 74e crochet du gauche, 78e crochet du droit, 88e uppercut et K.O. Thoune vainqueur.

Le meilleur, mais le moins bon des deux

Sept mois plus tard, une vérité s’impose. Si le FC Sion n’est pas encore assuré de retrouver l’élite l’été prochain, c’est parce qu’il n’a pas su comment s’y prendre avec son rival de l’Oberland. Ni en septembre dernier, ni lundi soir, ni jamais cette saison en quatre duels. Les Suisses ont longtemps matérialisé ce paradoxe en passant par le tennis, lorsqu’on leur rabâchait que Roger Federer était le meilleur joueur du monde, mais Rafael Nadal le plus fort des deux. Les Valaisans le découvrent à la sauce Challenge League.

Parce que Sion réalise une saison admirable. Qui pourrait d’ailleurs déboucher sur plusieurs records de la catégorie. Les Sédunois n’iront pas chercher celui du plus grand nombre de points, mais ils pourraient devenir l’équipe qui a traversé les 36 matches avec le moins de buts encaissés. Sans se montrer flamboyant en toutes circonstances, Sion ne trébuche jamais. Il ne perd pas un match, sait faire tourner les événements en sa faveur, se contenter d’un nul quand la victoire devient trop compromise. Bref, il avance toujours, d’une façon ou d’une autre, vers son objectif de montée. Avec une stabilité qu’on ne lui connaissait pas.

Une seule exception au milieu de ce tableau quasi parfait. Sion a bien perdu des matches cette saison. Trois, en fait. Les trois contre le FC Thoune. Cet empêcheur de tourner en rond. Cette équipe qui s’est permis de célébrer sa victoire du mois de mars à Tourbillon avec un enthousiasme forcé devant les vestiaires adverses, juste pour agacer. Juste pour entrer un peu plus dans la tête de Didier Tholot et de ses hommes. Et asseoir son avantage en face-à-face.

Fort contre les faibles et faibles contre les forts? Pas vraiment

Des deux, Sion reste pourtant l’équipe la mieux placée pour retrouver la Super League. Quatre points d’avance. Un si Thoune remporte son match en retard ce week-end. À quatre matches du dénouement. Mais la situation a le mérite de faire naître des questions. Qu’est-ce que ce complexe d’infériorité signifie? La théorie qui assure que les Valaisans sont forts contre les faibles et faibles contre les forts ne tient pas. Parce que c’est face à des équipes de Super League (Grasshopper et Young Boys, en Coupe de Suisse) qu’ils ont sans doute réalisé leurs plus belles prestations de la saison.

La question ne possède peut-être pas de réponse. Ou alors, le complexe d’infériorité présumé cache seulement des faits de jeu qui n’ont pas tourné en faveur des Valaisans. Comme ce but thounois venu d’ailleurs en septembre. Comme la sortie sur blessure précoce (21e) du précieux Kevin Bua lundi.

Le football recèle de mystères, qu’il faut parfois accepter pour ce qu’ils sont. Le FC Sion n’a pas à se sentir honteux de son rapport de force avec Thoune, ni même indigne d’une promotion sous prétexte qu’il n’a pas écrasé chacun de ses adversaires sur son passage. C’est le propre d’un championnat. Être meilleur sur la longueur. Sion doit encore tenir quatre matches.

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